Mon vieux tonton est décédé hier. Un pincement au cœur, un brin de tristesse m’effleure de savoir que je ne discuterai plus avec lui.
En fait mes oncles et tantes s’éteignent les uns après les autres, nonagénaires arrivant au seuil de leur vie, à cet âge où ils n’ont plus envie … de se battre, du bruit, de respirer, que sais-je encore …

Je ne suis pas quelqu’un qui vit dans le passé, mais je me souviens de ces incroyables fêtes de famille de mon enfance, tout le monde était là en habits de dimanche, pas moins de cinquante personnes, quatre générations réunies qui avaient un lien, une véritable histoire. Il y avait les vieux, puis nos parents, leurs frères et sœurs, aussi les cousins proches ou lointains et enfin une ribambelle d’enfants courant en tous sens. Et il n’était pas rare de voir le « pitchoune » sur les genoux du plus ancien. Bien sûr, il y a eu des histoires, plus où moins croustillantes sur les uns et les autres, des disputes aussi mais jamais de cassure, ils oubliaient, se pardonnaient.

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Et dans cette famille, nous nous parlions, nous nous écrivions, nous nous fréquentions. Tous ces anciens m’ont raconté leurs histoires, leurs enfances, et j’ai aimé cela, cette transmission du savoir, de leur part de sagesse. J’aime savoir que je suis issue d’une lignée de gens bienveillants, pas parfaits mais beaux dans leurs imperfections. C’est ce qui nous enracine, ce qui nous ancre. Leurs histoires sont une part de nous et notre mémoire leur permet d’exister au-delà du caveau.

Qu’en sera-t’il pour les enfants de nos enfants ?

Verront-ils leur arrière grand-mère dans un mouroir, peut-être ? où embrasseront-ils cette femme douce qui perds un peu la tête mais qui te glisse une petite pièce ?
Entendront-ils cette vieille tante un peu ratatinée leur parler de sa passion de la musique, elle l’ancienne concertiste ?
Verront-ils encore ce tonton Jeannot aux idées politiques bien arrêtées, (surtout les enfants on ne parle pas politique ! … tu parles nous on se marrait bien) mais si savoureux, humble et droit dans ses convictions qu’il est quelque part en moi comme un exemple d’intégrité ?

De nos jours les familles se désagrègent, les photos se numérisent, les coups de fil se changent en textos et les lettres d’amours en e-mails …

Qu’en sera-t’il pour les enfants de nos enfants ?

Où trouveront-ils ces racines nécessaires à une meilleure compréhension de la vie ? Qu’allons nous leur transmettre d’important ? Et si la rupture de ce lien familial, l’individualité annonçait la mort prochaine de notre humanité …

Je veux continuer à tisser des liens, que mes futurs petits enfants entendent ma mère leur parler de son enfance, elle qui n’avait rien, pauvre parmi les pauvres et elle rajoute mais … je n’ai manqué de rien … j’ai eu une belle vie !
Je veux pouvoir leur raconter ce que la vie m’a appris, leur dire que rien n’est jamais perdu tant que l’on a un souffle de vie, qu’il y a de la magie dans les étoiles et dans chaque pétale, enfin leur dire combien ils sont beaux et uniques, que tout est possible pourvu qu’ils rêvent haut et grand !

Alors je vais continuer à me déplacer pour les enterrements, envoyer de jolies cartes pour Noël, appeler pour demander des nouvelles, parce que  …
Prendre le temps pour les siens c’est important.

Au revoir mon tonton, ne mets pas trop le bazar la-haut !

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Kathy.

 

11 réflexions sur “Au revoir tonton …

  1. Je fais aussi cette expérience du temps qui passe et emporte avec lui, les uns après les autres, un oncle, une tante, une mère, un ami. Je me rappelle de ces fêtes en famille avec nostalgie. Elles ne se répéteront jamais. A nous peut-être de faire vivre le temps à notre manière.
    Bonne journée. Et merci…

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    1. Il est vrai que ce sont nos souvenirs d’enfance … Nos enfants se sont fabriqués d’autres souvenirs, peut être moins festifs. Et quand je dis que je veux continuer à tisser des liens, c’est être une personne qui continue a rassembler les siens, à donner des nouvelles aux uns et autres, comme tu le dis à faire vivre le temps ..
      Merci à toi 😊

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  2. C’est une jolie histoire que tu nous contes au pays de tes souvenirs.
    Les miens reviennent alors. Et il y a des fêtes de familles aussi, des rires, des histoires qu’on écoute avec bonheur, même si c’est la cinquantième fois qu’on les entend.
    J’aime que les gens se racontent, parlent de leur enfance, de ce qu’ils ont vécu, appris.
    J’aime voir un grand-père apprendre à ses petits enfants les choses de la terre. Et une grand-mère concocter un bon gâteau, et s’amuser de la farine qui tombe un peu partout.
    C’est vrai qu’on perd un peu de ce temps là aujourd’hui.
    Alors oui tu as raison il est important de prendre ce temps pour le sien, pour notre histoire et celle des générations à venir.
    Que ton tonton repose en paix.

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