Coucou, revoilà Miss Toccata !

Un de mes amis m’a demandé de lui raconter la vie d’avant de Miss Toccata, le temps de la vraie joie … En fait elle n’a pas beaucoup voyagé dans ce temps là ! Je vois que vous insistez, allez je vous raconte, juste entre vous et moi …

Miss Toccata est née une nuit de novembre à trois heures du matin ( ah tiens, déjà la nuit ! ). C’était un magnifique bébé de plus de quatre kilos, magnifique pour tous sauf pour sa maman. La mère ne voulait pas de ce bébé, elle a détesté la sentir grandir en elle, elle a hurlé de devoir expulser ces quatre kilos. Et quand une enfant naît déjà en manque d’amour, c’est bien triste, toujours. Et cette mère, sans le vouloir vraiment, sans le savoir surtout, a infligé à sa fille de profondes blessures.

Blessure n° 1 : La culpabilité.
Encore toute petite fille, sa mère lui a dit : « C’est de ta faute si je suis grosse, j’ai pris vingt cinq kilos quand tu étais dans mon ventre ! ». Bon il y a eu plein d’autres petites phrases du même style, je vous en épargne la liste qui est un peu longue !

Miss Toccata a commencé à avoir de l’asthme à deux ans. Elle a fait des crises terribles, surtout la nuit ( encore la nuit … ), jusqu’à vingt quatre ans.
Agée de trois ans, un toubib a pensé qu’elle avait la tuberculose ( erreur de diagnostic déjà…) ; la géniale solution trouvée pour la soigner a été de l’envoyer six mois en sanatorium, seule, à mille kilomètres de sa famille ( famille qui vivait et prospérait dans l’est de la France ) .

Blessure n° 2 :Le rejet.
Ils sont quand même revenus la chercher ; bon elle ne reconnaissait plus son papa, la petite sœur n’était plus un bébé, la vie avait continué. Et oui, c’est normal que voulez-vous, même si le p’tit bout de chou a eu si peur … de mourir … si loin … toute seule …
Manque de bol, la montagne lui avait fait du bien ( enfin pas à elle mais à sa santé ), on l’y a donc renvoyé à cinq, sept, et neuf ans. Durant son enfance Miss Toccata a visité tous les massifs montagneux de France, toujours seule, toujours loin, toujours trop longtemps. Dans ces montagnes, Miss Toccata a appris la tristesse et la solitude. Finalement on l’a mise en internat de onze à quinze ans dans les Hautes Alpes. C’était plus pratique comme ça, elle partait et revenait seule en train à Noël, Pâques et aux grandes vacances. Ben c’est vrai, imaginez ! Être obligée de se lever presque toutes les nuits pour cette gamine, ça va bien cinq minutes, et puis elle est mieux au bon air !

Quand Miss Toccata a pu rentrer chez elle, enfin dans sa famille, elle avait quinze ans. Sa mère l’a regardée de haut en bas. Je vous vois venir, vous pensez qu’elle l’a embrassé, serré dans ses bras ? Non ça n’existait pas … La mère lui a dit : « Ma pauvre fille, mais regarde toi, tu ne ressembles à rien ! Regarde ta sœur, elle au moins est jolie et bien habillée ! ». Et patati et patata et m…e !
Blessure n°3 : L’humiliation.

Vous allez me dire, là quand même Miss Toccata s’est rebellé ! … Un peu, pas beaucoup. Et puis elle est redevenue sage et docile, elle s’est mieux habillée et a bien travaillé à l’école. Mais vous savez quand on n’a pas d’amour de sa maman, on fait tout, absolument tout pour le trouver, le débusquer, le mendier cet amour … Juste un tout p’tit bout s’il te plait !
De quinze à vingt quatre ans Miss Toccata n’a pas levé le nez de ces bouquins. Bac + 6 et un beau diplôme en poche, elle se disait, cette fois elle sera fière de moi, elle en était sûre ! Sa mère lui a dit :  » Oui, bon c’est pas mal, mais pendant ce temps ta sœur, elle, a gagné de l’argent ! ».
Blessure n° 4 : Perte d’estime de soi. ( Remarquez bien que ce devait déjà être fait. )

Vous allez croire que cette mère est un monstre ! Non pas du tout, c’est une femme charmante vue de l’extérieur. Miss Toccata l’aime toujours et son cœur blessé a pardonné depuis bien longtemps. Cette mère est juste une femme qui n’a pas eu de maman, qui a eu une vie avec ses malheurs et ses propres blessures, qui s’est fermée aux émotions, qui n’a jamais appris à aimer. On en revient à l’amour, encore et toujours !

Je crois que c’est assez pour ce soir, je sens bien que vous êtes fatigués ! En tout cas moi je le suis, fatiguée. Nous verrons donc la suite un autre jour.
Miss Toccata se joint à moi pour vous envoyer toute son amitié, et pourquoi pas un peu d’amour 🙂

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18 réflexions sur “Miss Toccata – Episode 3

  1. Une enfance tourmentée… Mon cœur est rempli de compassion envers miss Toccata ❤
    Malgré les problèmes de la vie , ses impasses et ses mauvaises passes, l'amour maternelle est l'un des principaux piliers qui forge une personnalité stable et équilibrée de toute personne , son absence laisse en l'enfants des troubles encrés à jamais dans son esprit …
    Tout de même , j'admire beaucoup Miss Toccata ,pour son courage et sa ténacité, car elle a fait face à cette maladie seule , elle a construit son propre avenir seule . Un vrai exemple de femme forte Miss Toccata !

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    1. En effet ne jamais entendre un  » je t’aime « , ne jamais être prise juste dans des bras aimants, abîme profondément la personne qui le vit … Miss Toccata n’est hélas pas un modèle unique ! Cela laisse un vide au creux du coeur qu’il est bien difficile de combler. Oui, Miss Toccata a été une femme forte et c’est peut être là le fond de son problème.
      Merci Souad de ta compassion ❤️

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    1. Merci Marie et heureuse de te revoir 😊 Oui je crois aussi que l’amour est crucial pour notre construction … Et le pardon pour notre reconstruction ! Merci de tout coeur de l’amour que tu déposes ici ❤️, je suis touchée …
      PS : j’ai cherché de nouveaux articles sur ton blog, en français parce que je ne lis pas bien l’anglais mais je n’en ai pas trouvé … Mais tu étais en vacances il me semble, vacances qui t’ont fait du bien je l’espère. Reçois toute mon amitié et ma tendresse.

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  2. Pfiou, tu m’as émue avec ton récit, mais alors émue aux larmes. Et ce n’est pas si souvent que cela m’arrive sur les blogs.
    Bien écrit, bien raconté.. Alors oui, la mère, grrrr… mais non, dis-tu. Une femme charmante. J’en connais une comme ça ( la mienne, mais chuuut, je n’en parle pour ainsi jamais)… les années de pension eloignée de la famille ( sorties qu’aux vacances) ça aussi, ça me parle, et ô combien !
    Pour dire à quel point je me sens proche de Miss Toccata Emoi…. émoi….
    Cela dit, tu as raison d’écrire, cela fait un bien fou. Confidences pour confidences: depuis l’écriture et la sortie de  » L’orage ou la flûte », mon premier roman ( dans lequel j’ai bcp « transposé ») je me sens guérie du mal de mère. C’est déjà ça.
    Bravo Kathy pour le chemin parcouru, tout ce travail fait sur toi…. et ces partages qui sont un magnifique exemple de resilence.
    Bisous, bien affectueusement. A très bientôt.

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    1. Ah et bien je comprends mieux pourquoi j’aime tant tes textes, ta sensibilité … Écrire est ma bouée de sauvetage aussi, mais pas que … Il a fallut que je me fasse aider, que je l’accepte, que je trouve les bonnes personnes surtout, j’ai bien cru devenir folle … Mais l’ombre et les doutes s’éloignent petit à petit, au fur et à mesure que je comprends mon parcours de vie.
      Merci à toi de ton témoignage et de tes confidences !
      Reçois toute mon affection Solène et à bientôt.
      Kathy.

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  3. Coucou Kathy Je n’arrive pas commenter sur ton site, chaque fois je me fais jeter grrr ! Bravo en tout cas pour ton texte plein d’authenticité et d’humilité. Pas facile de prendre conscience de ses blessures d’amour. Je te serre très fort contre mon coeur. Cath

    Envoyé de mon iPad

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