Nous voici arrivés au dernier chapitre de cette histoire. Miss Toccata a débusqué le monstre de son passé, elle y a mis toute son énergie, elle est épuisée, vidée !
Mr Rufus est encore là, têtu, faisant de chacune de ses nuits de petits fétus. Cependant, il perd de sa force et s’émousse, bientôt il pourra se retirer, en douce.

Il va falloir tourner la page, lui dit-on, il va falloir … Comment fait-on ? Elle ne sait pas.

Avez vous déjà été cambriolé ? Cette impression si désagréable que quelqu’un est entré chez vous, a pris possession de votre intérieur, vous la sentez ?
Imaginez que l’on entre en vous … de force. Et vous essayez de crier, vous vous débattez avec les bras, les jambes, mais non, vous abandonnez et tout se brise !
L’agresseur prend possession de sa victime, de son corps, de son âme. Et parce qu’à un moment, elle a cessé de lutter – là est le pire voyez vous – lui peut vraiment la posséder. D’abord son corps, ce jardin fragile et vierge dont elle n’avait pas même conscience, son corps a été dévasté. Et puis son âme, cette part d’elle où étaient cachés l’innocence et le jeux, le rire et la joie, son âme a été dépouillée. A ce moment précis où elle a cessé de lutter, dans un grand rire fracassant, il a possédé le cœur de l’intime, il en a fait des torrents de lave rouges et sombres, emplis de honte.

Certains jours Miss Toccata se sent en dehors de cette histoire, certains jours elle la voit, dans la cruauté de son miroir. Elle n’a jamais plus mangé de gâteaux, elle a toujours cette boule au creux du ventre au moment du repos. Elle est si souvent en apnée, ne pouvant plus respirer. Et le dégoût, le dégoût d’elle, la tristesse est son manteau, la mort est dans son sillage, toute habillée de noir.

A tous les hommes qui l’ont aimée, Miss Toccata voudrait demander pardon. Pardon de sa méfiance, pardon de ce corps qui n’a pas su s’abandonner, brûlant de cette blessure qu’il a porté, de ces braises intérieures qui la consumait.

Miss Toccata voudrait vous dire aussi, que les monstres existent bien pour certains enfants, et qu’ils les poursuivent longtemps, longtemps … Il faut faire attention aux enfants !
Elle voudrait dire à son monstre particulier :
« Je ne t’appartiens pas, tu ne m’auras pas une seconde fois !
Tu n’auras pas ma haine, je ne le veux pas !
Je suis encore là, la vie ne m’a pas jetée au détour d’un fossé ! »

Un jour elle cassera les murs qu’elle a érigé pour se protéger du froid et de la peur, pour être seule, parce que ça fait moins mal. Elle relèvera un genoux, puis l’autre et se redressera. Ses yeux abandonneront la tristesse et les larmes au vent, à la terre. Et bien droite, elle regardera le ciel d’un regard si brillant que les étoiles en pâliront, que la lune la caressera de ses rayons de nuit. Ce jour là, le soleil s’inclinera devant cette femme sauvage, guerrière, toujours en vie !

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Merci à tous ceux qui ont suivi cette histoire, à ceux qui ont commenté, à ceux qui ont appelé ou laissé un message. Miss Toccata et moi-même en sommes emplies de gratitude ❤

24 réflexions sur “Miss Toccata – Episode 9 – Fin.

  1. Chères Miss Toccata et Cathy…!

    Merci de m’avoir permis de monter dans ce train pour un voyage unique;
    Le témoignage d’un être qui a eu accès à sa propre vérité…Je suis fière de te connaître.

    Aujourd’hui j’ai envie de te partager une chanson…C’est notre Félix Leclerc ( Adagio ) qui m’a inspiré après lecture de ce passage :  » Je suis content d’avoir des oreilles. C’est beau des chansons de même. Ça lave. Ça glisse sur le coeur. Ça se ramasse dans le fond. Ça donne envie de vivre. Faut vivre. Je vais oublier ce que j’étais, parce que la vie c’est pas ce qu’on fait, c’est surtout ce qu’on va faire.  »
    Je t’embrasse….Tendresse …xxx

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    1.  » Tout vient après qui sait mourir pour mieux revivre  » ça doit être ça la vraie vérité … Je ne sais pas encore comment faire pour revivre, mais je te promets je vais essayer. Merci de ton message qui me touche plus que je ne saurai le dire.
      Je t’embrasse Manouchka, tendresse.

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      1. Très chère,
        La vie nous conduit là où ça sent l’Amour….
        Je te partage les mots de Christiane SInger ; des mots qui font du bien.

         » Ce qui est bouleversant, c’est que quand tout est détruit, quand il n’y a plus rien, mais vraiment plus rien, il n’y a pas la mort et le vide comme on le croirait, pas du tout.
        Je vous le jure. Quand il n’y a plus rien, il n’y a que l’Amour. Il n’y a plus que l’Amour. Tous les barrages craquent. C’est la noyade, c’est l’immersion. L’amour n’est pas un sentiment.
        C’est la substance même de la création.

        Je croyais jusqu’alors que l’amour était reliance, qu’il nous reliait les uns aux autres. Mais cela va beaucoup plus loin. Nous n’avons pas même à être reliés : nous sommes à l’intérieur les uns des autres.
        C’est cela le mystère. C’est cela le plus grand vertige.

        Au fond je viens seulement vous apporter cette bonne nouvelle : de l’autre côté du pire t’attend l’Amour.
        Il n’y a en vérité rien à craindre. Oui, c’est la bonne nouvelle que je vous apporte.
        Et puis il y a autre chose encore. Avec cette capacité d’aimer qui s’est agrandie vertigineusement, a grandi la capacité d’accueillir l’amour. Et cet amour que j’ai accueilli, que j’ai recueilli de tous mes proches, de mes amis, de tous les êtres que, depuis une vingtaine d’années, j’accompagne et qui m’accompagnent, parce qu’ils m’ont certainement plus fait grandir que je ne les ai fait grandir.

        Et subitement toute cette foule amoureuse, toute cette foule d’êtres qui vous portent! Il faut partir en agonie, il faut être abattu comme un arbre pour libérer autour de soi une puissance d’amour pareille. Une vague. Une vague immense. Tous ont osé aimer. Sont entrés dans cette audace d’amour. En somme il a fallu que la « foudre » me frappe pour que tous autour de moi enfin se mettent debout et osent aimer. Debout dans leur courage et dans leur beauté. Oser aimer du seul amour qui mérite ce nom et du seul amour dont la mesure soit acceptable : l’amour exagéré, l’amour démesuré, immodéré.

        Alors , amis entendez ces mots que je vous dis là comme un grand appel à être vivants, à être dans la joie et à aimer immodérément.  »

        J’ai confiance Cathy …
        Tendresse

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  2. Le Dessin est Magnifique (2017!).
    Lire la fin de Toccata et lire les commentaires, exclusivement écrits par des Femmes Laisse/donne à penser qu’un Brtus est/serait tapi en chaque Femme, ce qui e parle effectivement comme un élément de réalité propre à nos sociétés et à cette culture patriarcale dominante exclusivement basée sur le fait du pouvoir et de la propriété!. Pouvoir, domination, propriété, en éléments de réalités qui permettent donc toutes formes d’abus rendus de fait « légitimes »par ceux qui se les attribuent. Appropriations aisées puisque censées être de fait comme acquises et indéniables – cf. Le mouvement « Manif pour Tous » avec son corollaire d’homophobie, de sexisme, de discriminations, etc. avec pour postulat les pires poncifs sexistes ordinaires reconnus comme « naturels » de par l’homme dominant…
    Vive Toccata libérée!

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    1. Merci pour votre appréciation sur le dessin ! Et merci, en tant qu’homme d’avoir commenté, il est vrai que le sujet fait un peu peur aux messieurs encore trop possessifs, machistes et désireux de garder leur domination. Mais tous ne sont pas à mettre dans la même boîte, fort heureusement, la preuve vous êtes là … Le Vive Toccata de la fin m’a fait sourire, merci !

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  3. Ce ne sont pas les faits, si terribles ou horribles soient-ils, qui nous font souffrir. La souffrance vient de ce que l’on n’a pas su montrer ses sentiments, ni en parler, ni le hurler, ni en pleurer, ni partager, et qu’on a tout enduré en silence. Cette souffrance prend sa source dans le secret, tel « un cadavre dans le placard », voire une fantôme qui crie vengeance ou demande à être reconnu et pleuré. De Anne Ancelin Schutzenberger. Une grande dame.
    Et toi aussi Cathy, tu es une grande dame.
    Bravo pour tout ce travail fait sur toi, tout ce chemin parcouru… Et merci pour ta confiance.
    Comme tu as bien fait de mettre enfin les mots sur ces maux profonds, enkystés…
    Je t’embrasse bien fort. Tellement heureuse de te connaître. Belle et douce nuit à toi. A bientôt.

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    1. Oui les faits eux mêmes font mal mais pas que … Le fait d’avoir cette impression qu’il ait « gagné » fait mal, et le silence, ah oui, le fait que personne n’ait rien vu ni entendu, ce qui me paraît impossible, cette impossibilité de le dire, et le revivre sans le savoir toutes ces années … J’ai l’impression d’un énorme gâchis en fait, le gâchis de presque toute une vie ! Mais je ne regrette pas un instant mon parcours et d’avoir mis des mots sur tout cela.
      Merci beaucoup Solène, je suis touchée ! Je t’embrasse affectueusement. Belle nuit à toi aussi.

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  4. Douce miss Toccata

    Tu sais pourquoi ton histoire a trouvé en moi un tel écho.
    N’y revenons pas. Alors aujourd’hui, tu poses une question importante :
    « comment fait- on pour tourner la page ? »
    Je ne dis pas que j’ai la réponse absolue. Mais j’ai quelques éléments de mon expérience personnelle, faite d’un long chemin de réapprivoisement de mon corps, de ma sexualité, de mon estime de soi. D’autant que je n’ai pas eu la mère secourable qui aurait pu m’aider, et que j’ai gardé ce secret parce que je savais qu’elle ne réagirait pas bien, voire qu’elle m’enfoncerait encore plus.
    Je voudrais juste te dire que j’ai appris, au cours de ce chemin, une chose très importante : même quand on croit avoir été laminée jusqu’au tréfonds de son être, il existe, quelque part tout au fond de soi, un petit sanctuaire impénétrable que j’appellerais le coeur de soi. Un petit endroit qui est bien sûr, bien caché sous des monceaux de ronces, de gravats et de terre… mais il existe. Au-dedans une lumière bat faiblement. Elle est là, et apparaît de temps en temps furtivement quand on aperçoit un oiseau ou un écureuil, quand on se sent, fugacement, accueilli(e) dans des bras magiques alors que l’on est seul(e), au bord d’un torrent.
    Cette lumière bat en nous et si nous le savons, nous pouvons davantage la trouver, et nous réfugier auprès d’elle comme dans le plus doux des nids, en toute sécurité. C’est en cultivant ce coeur de soi que certaines victimes des chambres à gaz ou autres horreurs ont réussi à survivre.
    N’est-ce pas formidable de se dire qu’il existe un endroit où rien ni personne ne pourra jamais nous atteindre ?
    C’es ainsi que peu à peu, j’ai réussi à remonter cette pente et à rencontrer l’Amour, celui qui fait du bien, qui épanouit, qui soigne et qui délivre.
    Et tu prononces un mot important aussi : tu demandes pardon. C’est très bien, parce que ça apaise.
    Alors, pardonne-toi à toi-même en tout premier lieu. Tu n’es pas responsable de ce qui t’est arrivé.
    Les « monsieur Rufus » et autres parasites ne sont là que parce qu’ils te pense à leur merci. mais ils n’aiment pas la lumière, ce sont des entités de l’obscurité, alors quand ta petite lumière intérieure se sera rallumée, tu le verras filer comme un voleur par la petite porte. Et tu seras guérie.
    Je te le souhaite de toute mon âme.
    Célestine
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

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    1. Chère Célestine, merci déjà d’avoir osé poser tes mots ici, de m’avoir raconté cet écho qui résonnait si fort en toi. Comme toi, ma mère ne m’aide pas, mais je le lui ai dit quand même, il le fallait pour moi. Ce petit sanctuaire que tu appelles le cœur de soi je sais qu’il existe, je le sens minuscule, mais je le sens ainsi que la faible lumière qui y brille. Tu as raison, l’ombre n’aime pas la lumière et je vais essayer de la faire grandir cette petite lumière … Je n’ai pas envie de me refugier dans la rancœur et la haine. Pour le pardon, le pardon aux autres et le pardon pour moi, je sais qu’il fait partie du chemin, je m’y emploies même si je n’y suis pas encore. Merci de tes conseils que j’accueillent dans mon cœur. Enfin pour l’amour, j’ai cette sensation qu’il est trop tard, en fait j’ai cette sensation pour pas mal d’autres choses, comme si j’étais passée à côté de ma vie … Mais j’espère me tromper ! Affectueuses pensées douce Célestine et encore merci !

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      1. Oh non, il n’est jamais trop tard pour l’amour…
        Crois moi, je l’ai rencontré alors que je n’y croyais plus, et cela fait un bien fou.
        Il n’y a pas d’âge pour cela…
        Bisous du coeur
        •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

        PS c’est drôle, je voulais aussi te dire que tes aquarelles ont une certaine ressemblance avec les miennes…Comme si le dessin nous permettait d’exprimer des choses indicibles.
        https://funambulles.blogspot.com/
        Bisous

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  5. Merci chère Catherine pour ton partage et ta confiance.
    Tu as réussi à aller au fond de toi pour trouver la racine de ce mal. Et tu l’as sortie de dessous terre, regardée en face pour te libérer.
    Que la paix inonde ta vie et que tu te retrouves la lumière.
    Soyons vigilant pour nos enfants et aidons ceux qui ont souffert à poser les maux.
    Affectueuses pensées parisiennes.

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    1. Merci à toi chère Marie de ta présence et de tes commentaires ! Je suis têtue, obstinée, il fallait que j’aille au bout de ce que je sentais grandir au fond de moi. Reste à retrouver la paix et la lumière … Mais il,me semble que je vais y arriver, de toute façon je ne vois pas d’autre issue possible. Affectueuses pensées.

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  6. Ma douce amie merci pour ton témoignage si poignant. Je suis heureuse que tu sois enfin délivrée de ce lourd secret que ton inconscient t’avait si bien caché pour te protéger. Bien sûr ce traumatisme sera toujours présent en toi mais aujourd’hui ce n’est plus lui qui dirige ta vie car tu en as repris le contrôle. Merci pour toutes les victimes d’inceste et de pédophilie, merci pour tous ces petits anges qui sont encore emmurés dans le silence, la solitude et la détresse intérieure. Courage à tous les adultes qui n’ont pu encore parler de leur agression sexuelle, la parole est libératrice, salvatrice.
    Je te souhaite de tout cœur de retrouver la paix en ton corps et en ton coeur.
    Je t’embrasse très fort. 🙏❤️😘

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    1. Merci à toi de ta présence bienveillante au cours de cette recherche, de ce combat si difficile que j’ai mené entre moi et moi, entre lâcher prise et obstination. Je ne sais pas si j’ai repris le contrôle de ma vie, c’est un mot que je n’affectionne pas beaucoup, disons que j’entrevois quelque chose d’autre. Oui la parole, l’écriture sont salvatrices car c’est bien au travers de cette histoire qu’est remontée la vérité si dure soit elle … Nous avons peut être quelque chose à faire toutes les deux pour ces trop nombreuses victimes. Nous en reparlerons.
      Je t’embrasse tendrement ma belle amie et de tout mon coeur 🙏😘❤️

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      1. Tu sais que j’ai, dans un coin de la tête, ce projet de mettre en place un groupe de paroles sur Caen. Peut être cette libération de la parole des victimes passera t elle sous une autre forme, ateliers d’écriture, forum …
        Nous en reparlerons ma douce amie.
        Je t’embrasse très fort ❤️😘

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  7. Ma très chère Cathy, comme s’est bon et douloureux à la fois de te lire!
    Tes souffrances intimes s’envolent dans ta si belle main d’écriture et je ressens la libération sur toi!
    que la paix du corps et de l’esprit oeuvre pour toi !
    Carpe diem !
    je t’aime.

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    1. C’est une libération de comprendre ce qui me fait si mal depuis tant d’années. Maintenant il me faut accepter ce qui se présente et trouver la paix, il me faudra sans doute un peu de temps mais je vais la trouver. Merci ma très chère Béa, d’avoir posé ces mots … Je t’aime ❤️

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