Je suis allée me promener au bord de la mer en fin d’après midi. C’est un grand privilège de pouvoir le décider et d’y être quinze minutes après ! Et là, sur la plage désertée, j’ai respiré profondément la mer, humé le vent. Le soleil m’a parlé par ces rayons dorés caressant la fin du jour, de cet instant parfait. Ce texte est dédié à toutes les femmes qui marchent, qui cherchent, qui se battent de par le monde pour rendre celui-ci meilleur ! Et merci aux hommes qui savent éveiller, voir chez la femme, le beau, l’intense, le vrai.
Le soleil et la mer se sont penchés sur toi ce jour. Ils sont venus tout près de ton oreille, t’ont murmuré : Va, marche, toi la Femme, la Mère, l’Amie, l’Amante. Respire et marche ! Il y a deux énergies en ce monde merveilleux, Le sais-tu ? Il te faudra choisir l’une des deux, La Peur qui réduit, L’Amour qui grandit.
Alors va, marche, toi la Femme, la Mère, l’Amie, l’Amante ! Décide maintenant d’abandonner la Peur, Décide maintenant de rencontrer l’Amour, L’Amour en toi, l’Amour de toi. Et vois, la lumière qui brille là, pour toi ! ****
Retrouvons notre Miss Toccata dans le présent. En fait, il ne se passe pas grand chose dans sa vie. Le psy lui a dit c’est bien, c’est fini. « Ah ! Bon … Vous êtes sûr ? » L’hypnothérapeute le lui a dit aussi, Miss Toccata a pourtant essayé de lui dire ses ressentis, mais elle a répondu : « Inutile de chercher trop loin ». Ben oui, avec tout ce qu’elle a déjà vécu, raconté, elle pourrait déjà être un peu toquée ! Et puis, allez je vous le dis, Miss Toccata analyse, entends, écoute chaque bruit caché, tapi en son corps, essaie toujours de donner du sens à ce qui n’en a pas, peu de thérapeutes font cela, ils ne la comprennent pas ! Alors elle s’est un peu découragée, recroquevillée, après tout, ils avaient peut-être raison ?
Mais en elle … C’est une sorte de calme avant la tempête, elle est la louve qui hume l’air, qui sent que quelque chose frémit, son instinct sait. Miss Toccata l’entends ce grondement qui enfle, elle le sent dans chaque cellule de sa peau, dans l’air qu’elle inspire, dans son ventre qui palpite. Et puis Mr Rufus est là aussi, il ne lui laisse pas de répit, elle lui parle cependant comme à un ami. Mr Rufus lui a dit : « Non tu n’es pas au bout de ta quête, bientôt tu seras prête. »
Bon, elle a un petit peu peur, c’est normal, humain, que voulez-vous, mais elle envoie valser les thérapeutes, leurs certitudes, elle n’en gardera qu’un. Et Miss Toccata se calme, elle fait silence. Elle fait taire tous les bruits dans sa tête et avec infiniment de douceur, elle se connecte à l’Amour universel et Divin juste là en son cœur. Au Divin elle dit : « Aide moi à être forte, à accepter, oui je ne suis qu’un roseau, je vais plier, peut-être tomber à terre, inonde moi de ton amour, de ta lumière qu’après l’orage je puisse me relever. » Et elle se prépare, sans se barricader, sans se cacher, bien droite et debout à affronter la tempête qui approche à grands pas. Ce sera demain, dans un mois, elle ne sait pas.
Et elle se dresse face au vent : « Je suis prête, viens ! Je t’attends. J’ai lâché la peur, par l’amour que je porte en mon cœur, je peux aujourd’hui t’affronter, qui que tu sois monstre ou géant ! »
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Je dois vous dire que la tempête s’est abattue ce jour. Ce n’est pas pour faire durer l’histoire, en tant que narratrice je préfèrerai tout vous dite, tout de suite ! Mais Miss Toccata doit récupérer, reprendre son souffle juste pour réussir à la raconter, avec les mots justes, ceux qui viennent du cœur.
A vous les très rares amis qui êtes dans la confidence, merci de ne pas l’ébruiter. Elle doit avant tout parler à ses enfants. Miss Toccata se joint à moi pour vous assurer de toute sa tendresse ❤
Rediffusion, vous avez le choix, en mots où vidéo. ****
Être femme,
C’est se battre deux fois plus,
Parce que née sans phallus,
C’est porter les enfants,
Goûter à ses instants,
Et aimer être ronde,
Parce qu’elle porte le monde.
Être femme,
C’est parfois subir l’ignominie,
D’un plus fort, d’un père ou d’un mari,
Et vouloir mourir, en s’enfonçant sous terre,
En avoir si mal, si honte, en perte de repères.
C’est entre le boulot, le linge et la vaisselle,
Vouloir s’envoler haut, voler à tire d’ailes.
Mais être femme,
C’est, après être tombée les genoux écorchés,
Vouloir se relever, se redresser, fière, sacrée,
Se dire que plus jamais elle ne sera bafouée,
Et choisir avec qui et quand elle veut aimer,
C’est enfin Soi, se respecter,
Ne plus jamais subir l’assaut,
De celui qui fût son héros.
Elle est femme, Au-delà du miroir de son âme, Enfin elle se sent belle, Pas pour lui, juste pour elle … Et refermer ses cicatrices, Non chéri, ce n’est pas un caprice, Prendre sa vie en mains, Pour de beaux lendemains.
Elle est femme,
Oui, elle se redresse fièrement,
Et va humer la mer, la terre, le vent,
Pour enfin vivre comme elle l’entends,
Et se draper de blanc …
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Bonjour à tous les z’amis ! Miss Toccata ne vous a pas oublié, elle était juste bien occupée ! Elle est allée chez sa mère, au bord de la mer. Eh oui, sa mère vit au bord de la mer, et Miss Toccata a un peu profité, un peu, trop peu, de l’eau bleue apaisante de la Méditerranée, du soleil dévorant de cet été brûlant.
La mère est âgée, pas très en forme, elle ne supporte plus la chaleur et Miss Toccata est allée prendre soin de cette femme qui vieillit, qui ne l’accepte pas, qui a peur de la dépendance avec la rage de vivre encore au ventre. Bon, compte tenu de l’état d’esprit de sa mère, Miss Toccata en a un peu bavé, mais que voulez-vous, c’est toujours sa maman !
Et puis elle est rentrée chez elle fatiguée. Elle a pris conscience de cette grosse boule là, au creux de l’estomac. Tout en elle s’entrechoquait, se révoltait comme dans ce coucher de soleil où l’ombre veut avaler la lumière, cette ombre qui n’admets pas que la lumière puisse exister. Il lui aura fallu cet été sans pitié pour comprendre, enfin, un bout de son destin …
Miss Toccata m’a alors raconté les femmes de sa famille : sa mère, sa grand-mère, son arrière grand-mère, ces femmes orgueilleuses. Elles se nourrissaient d’obligations, de l’abnégation. Après tout, être femme c’est naître pour souffrir, enfanter dans la douleur, être femme c’est se sacrifier, et les dents serrées vivre cette vie en oubliant la joie d’aimer, de respirer, pas le temps pour ces frivolités ! Être femme c’est être bonne ménagère, avoir des enfants propres et bien élevés, leur apprendre que le travail c’est la santé. Il n’y avait pas d’autre choix dans leur esprit domestiqué, on ne leur avait appris que cela. Mais notre Miss Toccata n’est pas comme elles, elle est en fait leur juste contraire. Pourquoi ? Elle est là, je crois, pour briser cette lignée … Un homme lui a dit un jour, tu es fière, orgueilleuse ! Elle en est restée étourdie et muette qu’il ne puisse comprendre la nature de son être …
Ces femmes de sa lignée pensaient aussi que les hommes sont faibles, elles leurs accordaient avec un certain dédain le droit de partager leurs vies. Et Miss Toccata me raconte maintenant ses frères, son père et son grand-père. Eux avaient le droit de rire, du fait de leur statut « de mâle », ils avaient le droit de faire des pitreries, des blagues, mais sans jamais verser dans la vulgarité, cela va de soi ! Les femmes veillaient avec un sourcil levé. Le rire a été un de leur seul droit je crois. Ils ont soufferts ces hommes, Miss Toccata le sent, infiniment.
Ah oui, je savais que cela vous intéresserait ! Qui, comment était-il ce père dont nous n’avons pas encore entendu parler ?
Le père de Miss Toccata était un homme bon et doux. Il a été jusqu’à son dernier jour fou d’amour pour sa femme. Elle était son oxygène, son émerveillement, celle à qui il ne pouvait rien refuser, contre laquelle il n’a jamais haussé la voix, cela l’a rendu un peu lâche sans doute. Elle l’avait poussé dans sa carrière, lui qui aurait pu se contenter de peu, et pour elle il avait abandonné la musique, son unique passion, ben oui vous comprenez, ce n’est pas un métier !
Ce père s’arrêtait dans la rue pour nourrir les mendiants, faisait le clown en marchant comme un certain Charlie Chaplin tout de guingois, faisait voler les petits pois (oui je vous l’assure !) et surtout, surtout, il prenait Miss Toccata dans ses bras ! Il savait bien que cette petite lui ressemblait avec sa sensibilité à fleur de cœur … lui de l’amour il en distribuait sous l’œil réprobateur de sa femme qui ne comprenait pas cette absurdité, elle en vint même à considérer cette petite avec rivalité. Et puis le père a cessé d’embrasser ses enfants, sa tête a oublié, comme dans un vase ébréché la maladie s’est insinuée, doucement il s’est enfermé. Il ne savait plus que dire : » Elle est où ma femme … Elle est belle ma femme ! », encore ébahi, à la fin de sa vie, qu’elle l’ait choisit, lui ! Il est parti sans faire de bruit comme il aura vécu, Miss Toccata lui en a voulu un peu, pas trop, d’être parti trop tôt …