Des amis me demandent quasiment chaque jour comment je vais. Difficile de répondre à cette question en un mot … Je tente de vous répondre ce soir.
Comment je vais ?
Je suis au fond d’un puits empli de noirceur, d’odeurs nauséabondes, sans couleurs, sans chaleur. Au fond de ce puits noir et sans vie, je recolle les morceaux d’un puzzle où chaque pièce que je prends en main et en conscience est plus terrifiante que la précédente. C’est ainsi, je dois reconstituer l’ensemble et en faire un tableau. Je pourrai abandonner, décider que cela suffit et continuer de vivre avec cette brûlure dans chaque repli. Car si mon esprit a oublié, disjoncté durant des années, mon corps a engrammé chaque détail de cette agression. Et chaque nuit ce corps me livre chaque bout de terreur, chaque parcelle de douleur, sans qu’un centimètre carré de peau ne soit épargné.
Oui mais, comment je vais ?
Alors, au fond de ce puits noir je choisis de recoller les morceaux de ces instants terrifiants de ma vie. Car chaque morceau qui reste englué dans la chair est un poison qui se multiplie, prolifère et se répand en chaque cellule de l’être. Vous allez penser que je suis maso ! Non, c’est la seule façon de remonter, de sortir du puits : recoller les morceaux, reconstituer le tableau, le regarder bien en face, ne plus laisser ni l’homme ni les images me posséder, me dire que je peux faire ce choix, que j’en suis capable et que j’en ai le droit.
Alors, comment je vais ?
Bientôt le puzzle sera entier. Là j’aurai alors assez de force et de courage, je donnerai un grand coup de pied qui me propulsera hors du puits. Et je ferai un grand feu de joie, j’y brûlerai le tableau de ce bout de vie qui aura hanté mes jours et mes nuits. Je pourrai enfin sentir la caresse du soleil, saisir le parfum des fleurs, me laisser bercer par le vent et plonger avec délice dans les eaux apaisantes de l’océan.
Comment je vais, vraiment ?
Le désespoir a laissé la place à l’espoir. Il est encore petit, minuscule mais il brille joyeux. L’espoir de jours où le feu purifie, où la peur ne règne plus en maître, où l’ombre laisse la place à la lumière, où la vie reprends ses droits, tout en couleur et en douceur.
L’espoir me dit qu’il y a un meilleur et qu’il m’attend.
Alors je vais bien.

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Merci à tous les amis qui demandent si souvent de mes nouvelles. Cela me touche profondément. Votre amitié est un baume parfumé et bienveillant qui me donne la force d’avancer. ❤
Kathy.